Le système éducatif guinéen, on en parle encore ! Le malaise du système éducatif guinéen est profond, ce n’est pas le changement d’un chef de département qui peut le résoudre. Pour redorer notre système éducatif, il y a lieu de prendre des mesures réfléchies et responsables. Avec Souaré on a parlé des états généraux de l’éducation, à cette époque des mesures ont été envisagées, des décisions ont été prises mais qui ne sont jamais appliquées.
Kourouma quant à lui, parlera du salon de l’éducation là encore, rien de positif n’est tiré de ces mesures. Donc c’est dans la succession des déclarations enthousiastes que le règne de Kourouma se déroulera.
Pour parler des examens nationaux, il faut savoir que de nombreuses réformes ont été opérées dans ce domaine. Depuis 1987 il a existé des règlements généraux qui régissaient les examens dans notre pays. En 2005, il y a eu une réorganisation du baccalauréat, les matières à l’examen ont été définies selon les profils. Donc il y’avait une première et une deuxième partie au baccalauréat pour permettre un véritable tri au niveau des élèves. Quelques années après on procède à la suppression du baccalauréat première partie au profit du baccalauréat unique. Le concours d’accès à l’enseignement supérieur qui constituait un véritable obstacle pour les candidats. Ils ont été très nombreux à ahaner dans la quête de ce précieux sésame. On finira par le supprimer pour dira-t-on alléger la chose pour les élèves.
Le calcul des notes pour l’admission au baccalauréat se faisait comme suit :
La note de l’examen fois deux, plus la moyenne annuelle, le tout divisé par trois. La note obtenue était la moyenne du candidat pour être admis ou recalé. Donc plus d’une décennie, cette pratique était de mise dans les examens nationaux. Imaginer, le nombre de promotions qui ont été soumises à ce principe et qui sont dans les différents services du pays. Les innovations apportées par l’équipe de Kourouma ont certes permis la récupération des heures pour améliorer le volume horaire qui passera de 520 heures à 750 heures, la norme étant de 920 heures. Il sera demandé aux professeurs de donner trois notes par mois par élèves et par discipline. Ce qui est en fait une bonne chose si les conditions étaient favorables. Avec la pléthore que connaissent nos établissements par manque d’infrastructures, demander à un enseignant qui a plus de six classes en charge, c’est de le transformer en chasseur de notes. En réalité dans nos écoles, les enseignants se soucient plutôt de l’acquisition des notes que de la portée des cours qu’ils donnent aux enfants.
Comment voulez-vous que le professeur qui subit une pression infernale de son censeur ou directeur des études pour le dépôt des notes, puisse correctement faire son travail au regard du nombre d’élèves qu’il a en charge ?
Le nouveau chef du département déclare que la moyenne annuelle ne sera plus prise en compte dans les examens nationaux, c’est une audace qui ne tarderait pas à faire des remous si on ne prend pas garde. La mesure est tentante mais, la question que l’on doit se poser est de savoir si le Ministre a réellement analysé les tenants et les aboutissants d’une telle mesure ? Ce n’est pas à ce niveau que se situe le mal, il est ailleurs tout le monde le sait mais on se tait.
Ibrahima Kalil Konaté K2 en personne a déclaré dans les médias, que les notes constituent un marché florissant pour les autorités scolaires. Quand il y a l’impunité, le sédentarisme administratif, le népotisme dans les nominations, la corruption à ciel ouvert, comment alors peut-on parler de moralisation des examens.
Aujourd’hui dans toutes les écoles, on parle de révisions qui ne sont en fait que des façons subtiles d’extorquer de l’argent aux parents d’élèves et d’orienter les élèves pour les évaluations. On remarquera que tout élève qui refuse de suivre ces cours de révision n’a jamais la moyenne dans cette matière. Ce fait crève les yeux et personne n’en parle. Dire maintenant que la FEGUIPAE, le Syndicat participent aux prises de décisions fait rire. Quel est le seul impact positif que la FEGUIPAE a posé dans la qualification de notre système éducatif ? Quelle mesure a-t-elle prise pour l’amélioration de la condition de travail et de vie des enseignants ? Qu’a-t-elle fait pour aider à la résorption des problèmes des enseignants en zone rurale ?
Ce que l’on retient c’est leur voracité face à la cotisation parentale, ils ne sont présents dans les établissements qu’après la rentrée scolaire et cela pour venir récupérer leur part comme ils savent le dire. Le ministre devait avant toute prise de décision consulter la base, ces chefs d’établissement qui sont souvent la cible des mécontentements des enfants. Personne ne peut mieux connaitre les élèves et l’école que ces braves cadres. Ils ont leur mot à dire, il faut tenir compte de leurs opinions, ils sont eux aussi du système.
La seule arme d’un chargé de cours ce sont les notes qu’il donne aux élèves. Quand le bac a été profilé, les cours n’étaient dispensés et suivis par les élèves que selon leur profil. Dire maintenant que les notes de cours ne seront plus prises en compte à l’examen, au revoir la discipline et la fréquentation pour ces élèves. Tout le monde sait ce qui se passe autour des examens dans le pays, les écoles privées payent chèrement les dessous de table pour améliorer leur taux de réussite, des chefs d’établissement soucieux de se perpétuer à leur poste, se livre également à la même stratégie.
La mesure peut être bonne mais, il fallait préparer la mentalité et la conscience des enseignants et des élèves. Mais d’un seul coup comme un couperet, cela risque de faire mal et très mal. On a l’impression que tous les examens antérieurs qui ont adopté cette méthode ne sont pas de bons examens. Evitons donc de retourner le couteau dans la plaie des populations qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants faire de bonnes études à l’étranger. Soyons plus responsables et conséquents avec nous-mêmes, évitons les déclarations enthousiastes, elles peuvent nous rattraper. Un enseignant n’est efficace à son poste que pendant trois ans seulement, au-delà, il devient amorphe.
Le véritable problème de notre système éducatif réside dans le choix des hommes, la sédentarisation aux postes de travail et l’impunité. Quand les missions d’inspection se font dans des conditions misérables, l’inspecté qui prend en charge l’inspecteur, n’aura aucunement peur de ce dernier car, quelque part il l’a nourri et logé. Quand on veut les résultats il faut donner les moyens. Donc ce n’est pas en supprimant les notes de cours que l’on peut prétendre corriger le malaise non, il est plus profond.
Il faut tout simplement oser !
Par C.F
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