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Guinée: les Chinois convoitent le contrôle de Simandou

C’est l’un des gisements les plus riches en minerai de fer de la planète, mais Simandou, en Guinée tarde toujours à être développé. Abandonné par le groupe australien Rio Tinto, objet de procédures judiciaires entre la Guinée et l’ancien actionnaire BSGR, Simandou intéresse pourtant toujours la Chine : la compagnie publique chinoise Chinalco vient de proposer à l’Etat guinéen de reprendre la totalité des blocs de Simandou, mais à ses conditions.
Chinalco veut bien reprendre la totalité du gisement de minerai de fer de Simandou. A savoir les blocs 1 et 2, en plus des blocs 3 et 4 qu’il a déjà rachetés à l’Australien Rio Tinto. Mais en échange, le groupe chinois impose ses conditions. Acoumba Diallo, membre du comité de pilotage de l’Initiative sur la transparence des industries extractives, a eu accès au document soumis aux autorités guinéennes.

« Ils ont demandé à la Guinée d’amender ou d’abroger toute loi qui les obligerait à mettre les blocs 1 et 2 en appel d’offre à la concurrence publique, pour leur éviter probablement des actions de la société civile. Chinalco a aussi demandé que l’Etat renonce à son option de 20% de participation, supplémentaire aux 15% qu’il doit obtenir de manière gratuite. »

Crainte d’abandon

Acoumba Diallo craint aussi que les autorités de Conakry n’abandonnent le projet de chemin de fer transguinéen – l’autorisation d’évacuer le minerai par le Liberia ayant déjà été octroyée à l’ancien propriétaire des blocs 1 et 2, BSGR : « Une fois que Chinalco aura le contrôle intégral des blocs 1, 2, 3 et 4 de Simandou, pourquoi Chinalco ne mettrait pas en oeuvre la disposition de l’Etat contenue dans la convention de BSGR pour transporter le minerai de fer par le Liberia ? Il y a là un risque d’avoir une piste de discussion qui pourrait faire abandonner l’option du chemin de fer transguinéen. »

« L’autre risque est que nous connaissons nos amis les chinois, très souvent le développement durable n’est pas leur préoccupation », poursuit-il. « J’ai des craintes sur l’environnement, j’ai des craintes sur la qualité des infrastructures, non seulement minières, mais aussi sociales qui seront réalisées, et aussi sur le développement des compétences au niveau local. »

Hausse des prix du fer

Chinalco imposera-t-il ses conditions ? Le groupe chinois est moins pressé que la Guinée de mettre en valeur Simandou. Même si la Chine tient à avoir en réserve, pour produire chez elle un acier propre, ce minerai de fer de haute teneur, dont le prix, souligne Yves Jegourel, auteur de Cyclope, a grimpé au cours des derniers mois : « On a vu en 2016 une évolution du marché, à savoir une augmentation de la prime payée sur du minerai à 65% de teneur et Simandou est riche en minerai de haute qualité. ça, c’est une élément stratégique qui comptera dans les années à venir. »

L’avenir chinois de Simandou s’éclaircira d’ici l’automne : entre temps un arbitrage doit être rendu à Washington dans l’affaire qui oppose la Guinée à l’ancien actionnaire BSGR.

Rfi

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