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Le système éducatif guinéen sous perfusion. L’avenir du pays en jeu!

L’un des secteurs les plus importants de la vie d’une nation est bien son système éducatif. La formation de l’élite, des ingénieurs, des ouvriers qualifiés, des enseignants, des médecins et autres acteurs de la vie nationale incombe impérativement à l’éducation. Aujourd’hui le constat révèle que notre système éducatif bat réellement de l’aile, il est même malade de la mauvaise gestion dont il a été victime ces dernières années.

Sous la première république, malgré la précarité des conditions, l’école guinéenne a réussi à former des cadres qui pouvaient rivaliser avec n’importe quel autre étudiant du monde. C’est justement grâce à cette école que le pays n’a pas profondément connu les affres du mépris du gouvernement français. Ces intellectuels formés ont fait la fierté du pays et même d’autres états africains dans lesquels ils ont servi en qualité de coopérant. Les dirigeants avaient confiance en cette école et elle aussi inspirait confiance. La preuve est que le responsable suprême de la révolution n’a jamais accepté que ses fils aillent étudier à l’extérieur du pays. Ce qui prouve à suffisance le sérieux qui existait dans cette école guinéenne.

Mais la fuite des jours et la métamorphose des hommes ont fait perdre à cette école guinéenne toute sa valeur d’antan. Pour commencer, les dirigeants ne portent plus confiance en elle, chacun sera tenté d’envoyer ses enfants dans les universités occidentales, comme pour dire que notre école n’est plus à mesure de bien former des cadres. Donc la confiance et l’amour dont elle jouissait cédèrent la place au mépris et au discrédit. Ainsi avec la libéralisation des initiatives privées, on assistera à une explosion des écoles privées sur le territoire national. Alors, un grand nombre de gens aisés se lanceront dans la création des groupes et complexes scolaires. Des conditions et règles seront bien définies pour réglementer la création de ces écoles mais en vain, ils ne seront jamais respectés.

Ce qui est déplorable c’est l’esprit qui sous-tend la création de ces écoles. A dire vrai, elles ont été créées pour un but plutôt lucratif. L’aspect pédagogique vient seulement en seconde position. Pour s’en convaincre il suffit de faire un tour dans le foisonnement de ces écoles privées. Là on voit que chacun y va de ses moyens. Des bâtiments d’habitation loués et transformés en école. Des réduits ne disposant ni espace, ni environnement décent, ni installation appropriée font office d’écoles privées. La corruption aidant, les cadres chargés de voir et d’analyser les dossiers de création des écoles se soucient plutôt de ce qu’on leur offre que de la vérification des documents.

On se souviendra de cette valse des chefs à la tête de ce département stratégique et déterminant pour le développement du pays. On a parlé des états généraux de l’éducation dont les conclusions ont orné les fonds des tiroirs. Ensuite on parlera du salon de l’éducation comme le précédent, les résultats seront aussi déposés aux oubliettes. Faut-il continuer à rassembler les hommes autour des thèmes et des sujets qui n’impactent réellement pas le système éducatif ? Depuis belle lurette l’école guinéenne est soumise à un déferlement de systèmes pédagogiques qui ne sont  pas souvent tous favorables aux enfants. On parlait avant de NFQE, de projet Maillon ou autres pour assurer la formation des enfants. Quels ont été alors les résultats de ces projets sur la qualité de l’enseignement dans le pays, quand on constate que le niveau des élèves ne baisse pas, mais dégringole ?

On n’arrive pas  jusque-là à faire le diagnostique exact du système éducatif. Il faut cesser de faire des analyses comparatives, faire une relation entre l’école guinéenne et celles des autres pays voisins. L’éducation doit être capable d’orienter la jeunesse pour qu’elle sache sa place et son rôle dans le développement national. Au regard de l’attitude et du comportement de la jeunesse, on est en droit de dire que l’école guinéenne n’arrive pas jusque là à permettre aux jeunes de connaitre très tôt l’issue de leur formation. Le développement national intéresse tous les secteurs de la vie, les pêcheurs, les cultivateurs, les chasseurs, les cuisiniers, les couturiers, les artisans etc. tous ces corps de métiers doivent être pris en compte par le système éducatif. Autrement dit l’école doit être à mesure de résoudre les problèmes liés au monde du travail, permettre la formation sur place des ingénieurs, des ouvriers qualifiés dont le pays a besoin.

Dommage rares sont les hommes politiques qui intègrent dans leur programme le problème de l’éducation nationale. D’ailleurs eux tous ont une préférence, celle d’envoyer leurs progénitures en dehors du pays pour leur formation. On dit souvent que le pays vaut ce que vaut son éducation. Cela est une évidence car, nous remarquons aujourd’hui que le mauvais comportement de la jeunesse est consécutif à leur manque de formation. Se laisser manipuler, se livrer aux actes de vandalisme, aller mourir dans le désert libyen sont les conséquences logiques de ce manque de formation. Quand les décideurs manquent de confiance à l’école guinéenne, peut-on penser alors à une résurrection de celle-ci ?

C’est frustrant que l’Etat lui-même ne fasse pas la promotion des produits de l’école guinéenne. Il préfère ceux qui reviennent au pays avec des diplômes étrangers car,  les diplômes du pays sont qualifiés sans valeur. Cet état de fait ne peut qu’exacerber le sentiment de laisser pour compte de l’école guinéenne. Le changement de ministres n’est pas la solution qu’il faut pour la renaissance de l’école guinéenne. C’est un système éducatif qui a perdu ses repères et qui a besoin de redorer son blason terni par des années de mauvaise gestion. Depuis cinq ans le malaise de l’école guinéenne devient plus profond. Des innovations incongrues qui n’ont pas été à la hauteur de leur attente ont fini par fatiguer élèves et enseignants. L’administration scolaire au niveau des structures déconcentrées peine avec des cadres nommés en grande partie pour leur militantisme et non pour leur professionnalisme. Ce qui fait qu’aujourd’hui l’école guinéenne souffre atrocement de l’incompétence d’une grande partie de ces cadres et l’institutionnalisation de la corruption.

Les notes deviennent à la fois un moyen lucratif et un facteur prolifique de corruption. Les écoles privées ne lésinent pas sur les moyens pour se donner les meilleurs taux de réussite aux examens nationaux. Par des manœuvres peu orthodoxes on ne tardera pas à fouler au sol les valeurs cardinales de l’école guinéenne. Des examens peu crédibles, des diplômes non reconnus et le niveau de l’enseignement qui baisse inexorablement, ont été le constat effrayant du système éducatif guinéen. On parlera de moralisation des examens en luttant farouchement contre les envahissements des centres d’examen. Ensuite il sera question de crédibilisation pour redonner valeur au diplôme guinéen. La tolérance zéro avec les cahiers réponse imprimés au Mali, des diplômes sécurisés vendus chers aux élèves, des t-shirts de démagogie pour justifier simplement le détournement de l’argent. Tout cela n’a eu aucune incidence positive sur l’école guinéenne. Jamais le chef n’a dit la vérité sur son département surtout à propos du personnel. Le fameux redéploiement n’a provoqué que des conséquences incalculables sur l’école guinéenne.  Mais cela ne suffira pas pour redresser la barre car, des scandales financiers autour du budget des examens prouveront la cupidité des instances du système éducatif guinéen.  La mauvaise gestion de ce budget sera mise en exergue par la vulgarisation de l’arrêté conjoint des trois ministres de notre système éducatif. On s’apercevra alors des malversations des DCE/DPE et des IRE autour des fonds alloués à ces examens nationaux. Maintenant avec l’arrivée d’un enseignant de carrière à la tête du département, l’espoir renait pour la réhabilitation du système éducatif. Ibrahima Kalil Konaté de par ses expériences à travers ses pérégrinations dans tous les paliers du système, son esprit syndicaliste et son engagement patriotique sont entre autres des facteurs qui militent en sa faveur pour sa réussite à la tête de ce département. Sa lecture du système et l’analyse qu’il va en faire lui permettront surement d’approcher les hommes qu’il faut pour l’accompagner dans sa noble mission.

En tout cas l’école guinéenne n’est autre que le socle sur lequel se bâtit le développement national. Elle doit être l’affaire des décideurs en premier lieu et du peuple entier en second. Pour assurer le devenir de la nation guinéenne, il faut restaurer la dynamique de l’école guinéenne.

Cette volonté doit animer chaque décideur, chaque patriote pour faire renaître l’espoir chez la jeunesse scolaire du pays.

ScoopGuinée

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