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Alpha en colère contre les étudiants: un célèbre Prof décrypte la situation !

Le président Alpha Condé a été hué récemment au Palais du Peuple de Conakry lors d’un forum par les étudiants. Les échos se sont vite frayés le chemin dans le pays et ont suscité des réactions fusèrent de toutes parts. C’est le cas d’un Enseignant de grande réputation qui n’a hésité point de dépeindre la situation en décortiquant les causes réelles de l’incident. Voici ses propos illico, in extenso ses propos:  

« On ne cessera jamais d’évoquer le problème du système éducatif guinéen. Il est devenu un véritable casse tête pour les autorités et même pour les populations. A tous les niveaux et à tous les paliers, le même drame est évident, on se demande en fait, comment l’école guinéenne a pu tomber à un niveau aussi bas. Le paradoxe du pays est qu’on a l’impression que le passé est meilleur au présent. Ce constat parait absurde mais, il ne l’est pas au regard d’un présent incertain et qui ne rassure pas. Tout porte à croire que ce phénomène devient de plus en plus inquiétant car, la jeunesse actuelle ne réalise pas son devoir et ignore sa place dans le processus de développement national. Pourtant, cette jeunesse jadis était considérée comme l’aile marchante du parti, elle était responsable et savait s’adapter à toutes les situations qui s’offraient à elle.

Les conditions d’étude étaient très précaires, les difficultés de communication des expatriés chargés de la formation, le manque de matériels didactiques et d’ouvrages scientifiques et pédagogiques, constituaient la fresque de l’école guinéenne en ces moments. Malgré donc cette réalité, la jeunesse est demeurée positive, elle a adopté le slogan qui disait : le manque de moyen est aussi un moyen. Des as ont été formés dans nos écoles et dans les deux universités d’alors. Le petit pécule que l’on payait aux étudiants a été supprimé pour motif d’amélioration de la cantine. Aucune de ces conditions n’a négativement affecté leur volonté de devenir et de réussite. Dans leur tête il y avait avant tout la patrie, cette seule réalité galvanisait tout leur être pour participer à l’effort de développement national.

C’est cette jeunesse d’hier qui a pu former les cadres qui se retrouvent en grande partie dans notre administration. Mais depuis la fin des années 90, on a assisté lentement et progressivement à la décrépitude du système éducatif dans son ensemble. Le taux brut de scolarisation s’est élevé et au finish, on se retrouve avec des étudiants mal formés qui trainent leur tare depuis le secondaire. Le pays se retrouve avec une armée de chômeurs car, on ne peut trouver le travail que lorsqu’on est méritant. Ces jeunes n’en sont pas conscients, pour eux il suffit de porter le titre d’étudiant pour être admis dans la haute classe. La prolifération des écoles privées et des universités a-t- elle eu un impact positif sur le système éducatif ?

L’école c’est aussi un centre d’éducation, de formation civique et morale. Aujourd’hui, ces attributs n’existent plus dans les écoles car, tous les actes de violences, de vandalisme sont l’œuvre de cette tranche de jeunes censés être au secondaire ou à l’université. Les jeunes n’ont plus le sens de la patrie, ils pensent être des étrangers dans un pays qui les appartient, qui les a vus naître et dont ils ont mission d’assurer le développement. Les critiques inutiles ne servent à rien, la seule vérité est celle qui doit orienter vers un idéal de combat et de réussite. Se remettre tout le temps en cause et se demander à chaque instant que puis-je faire pour mon pays. La réalité crève l’œil c’est vrai mais comme le dit l’autre : « celui qui sait qu’il sait est un savant, celui qui ne sait pas qu’il sait peut savoir mais, celui qui ne sait pas qu’il ne sait pas est un ignorant ». Et l’ignorance est la plus terrible des maladies car elle vous empêche de voir le droit chemin.

En Afrique il y a ce qu’on appelle le droit d’aînesse, la tradition exige le respect des parents, des autorités et des vieilles personnes. Mais quand le déracinement atteint un certain niveau, on foule au sol ces valeurs et on devient étranger à soi même et à sa communauté. C’est justement ce que les étudiants ont manifesté à l’endroit du chef de l’Etat venu présider le lancement du Forum. Cette rencontre doit poser le diagnostic de l’Enseignement supérieur pour apporter le véritable remède à ce secteur. Mais quand ces des activistes politiques qui viennent revendiquer quelque chose qui n’est même pas un droit mais une simple promesse, laisse croire que ces étudiants n’ont pas conscience de leur situation. La bienséance sociale exige que l’on respecte les grandes personnes et les élus du peuple, mais huer un Président de la République est l’expression parfaite du statut éducatif de l’intéressé.

De telle conduite témoigne de la mauvaise santé de l’école guinéenne qui aujourd’hui il faut avoir le courage de le dire, ne forme pas bien et n’éduque pas non plus. C’est une honte nationale que des étudiants ne sachent pas faire la simple demande d’emploi, et n’arrivent pas à élaborer un projet porteur d’intérêt communautaire ou associatif. Tous les étudiants ne sont pas au même niveau de formation, c’est pourquoi il faut relativiser le jugement. Ceux qui ont conscience de leur situation, qui connaissent d’où ils sont venus et où ils veulent aller se singularisent positivement à chaque occasion. Mais quand les têtes sont plongées dans les effluves du rêve occidental, il ya des risques forts de dérive sociale et morale.

Il faut que l’Etat redéfinisse sa politique éducative pour donner enfin au peuple le véritable système qu’il a toujours ambitionné. Il doit revaloriser la fonction enseignante, donner à cette couche professionnelle tout le mérite et toute la reconnaissance possible. Il faut changer l’image de l’enseignant car dans cet univers de mondialisation, chaque individu doit pouvoir se mirer chez soi et non chez les autres. Que le choix des responsables au niveau du système ne se base pas sur le népotisme, le clientélisme et la corruption. Si réellement on veut redonner vie au système, il faut choisir en fonction du mérite, évitons la médiocrité et l’amateurisme. Si l’Etat ne prend pas ses responsabilités, il arrivera un jour où pour tous les travaux importants, pour toutes les responsabilités au niveau des entreprises et autres, l’on fera appel aux étrangers. La vérité est de conscientiser cette jeunesse qui ne mesure pas l’immensité de ses responsabilités, qui se plait simplement à devenir marionnettes de certains assoiffés de pouvoir.

L’école n’est pas un lieu pour faire la politique, de grâce sauvons ces enfants car ils en ont besoin ».

Propos recueillis par ScoopGuinée

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