Le président camerounais Paul Biya s’est exprimé jeudi soir sur la mort de six militaires tués par des séparatistes présumés en zone anglophone. Un an après le début de la crise, le gouvernement peine toujours à apaiser les tensions et les revendications séparatistes.
De retour d’Abidjan où il participait au sommet Union africaine – Union européenne, le président Paul Biya a réagi sur la situation dans la zone anglophone du Cameroun. « J’ai appris avec émotion l’assassinat de quatre militaires camerounais et de deux policiers dans le sud-ouest de notre pays », a déclaré le chef de l’État qui a estimé que le « Cameroun est victime des attaques à répétition d’une bande de terroristes se réclamant d’un mouvement sécessionniste ».
« Toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il ajouté.
Deux policiers ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi lors d’une attaque attribuée à des séparatistes présumés. Un assaillant a également été abattu lors de l’attaque. Selon une source policière dans la région, l’attaque a eu lieu à Otu, dans le même département où, un jour plus tôt, quatre militaires ont perdu la vie dans une agression attribuée à des sécessionnistes présumés.
Le bilan est désormais de dix morts parmi les forces de sécurité camerounaise en moins d’un mois et le scénario d’une crise qui tournerait à l’insurrection armée inquiète de plus les observateurs. Depuis plusieurs semaines, la situation dans la zone anglophone du Cameroun ne cesse de se détériorer.
La crise a éclaté le 11 octobre 2016 avec les revendications successives d’avocats qui ont lancé une grève pour dénoncer la « francophonisation » du système juridique spécifique en vigueur dans les régions anglophones depuis octobre 1961 et le rattachement du Southern Cameroons (Cameroun britannique) à la République du Cameroun (Cameroun sous administration française).
La critique a été reprise par les enseignants et étudiants anglophones qui ont dénoncé à leur tour la « francophonisation », du système éducatif cette fois. Les figures de proue de la contestation ont été arrêtées et internet suspendu dans toute la zone anglophone. Cette répression des forces de sécurité déployées par le gouvernement dans les zones anglophones et l’échec début janvier des négociations entre les grévistes et le gouvernement ont achevé d’envenimer la crise et attiser les revendications sécessionnistes.
« Force d’occupation »
Depuis onze mois les incidents se multiplient avec des opérations villes mortes et des action de boycott d’établissements scolaires. Des militants ont également pénétré dans les ambassades du Cameroun au Royaume-Uni et au Canada, pour remplacer le drapeau du Cameroun par celui de l’« Ambazonie », le nom de la « république » autoproclamée dans la région anglophone.
La frange radicale des séparatistes a appelé à combattre le déploiement de milliers de policiers et soldats, qu’ils qualifient de « force d’occupation », tandis que des leaders en exil appellent ouvertement à « l’autodéfense » et à l’action armée pour faire face à la « répression » menée ces derniers mois par les autorités camerounaises.
A moins d’un an de la présidentielle prévue pour octobre 2018, Paul Biya peine à calmer la situation. La libération par décret le 30 août dernier, de certains des principaux meneurs de la contestation anglophone n’a pas eu l’effet escompté et a échoué à désamorcer les tensions dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays.
JEUNEAFRIQUE
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