Toumany Camara, Rédacteur en chef du journal bimensuel «Tremplin» et son Directeur de publication, Bakara Guilavogui, sont poursuivis par le Directeur général des Douanes, le général Toumany Sangaré et du lieutenant colonel Facély Fandessen Kéita, administrateur du parc conteneur au bureau de la douane qui les accuse de «diffamation».
Ce mercredi 16 mai 2018, les débats se sont poursuivis au tribunal de première instance de Kaloum ( TPI) dans la phase des plaidoyers où l’affaire a été mise en délibéré et la décision sera prononcée le 30 mai 2018.
L’article dont on parle est apparu dans le journal bimensuel le « Tremplin » dans son numéro 028 de février 2018, avec pour titre ‘’Alerte au général Toumany Sangaré ! De graves accusations au sein de la hiérarchie au parc conteneur !
Et l’article dans son chapeau, l’auteur du texte Toumany Camara écrit « De nombreux douaniers sont remontés contre la gestion de l’administrateur du parc conteneur à Conakry. Le colonel Fandessein Keita est accusé d’abus d’autorité, d’injustice et de violence verbale au détriment de certains de ses subordonnés ».
Aujourd’hui lors de la phase des plaidoyers, le Substitut du Procureur a demandé aux deux journalistes accusés dans cette affaire au paiement de 5 millions de francs guinéens chacun et de faire un erratum dans plusieurs journaux de la place. Et à l’avocat de Toumany Sangaré, lui, a demandé le paiement d’un franc symbolique.
Pour l’avocat de la partie civile, c’est-à-dire de Toumany Sangaré et Fandessen Kéita, Me Thierno Ousmane Tall indique « Lorsqu’un journaliste va jusqu’à dire que telle personne a son club de douaniers avec lesquels il fait ses magouilles, franchement c’est grave ; il y a pas que cela. Lorsqu’on traite quelqu’un d’insolent, lorsqu’on le traite d’irrespectueux, franchement ce sont là les atteintes graves à l’honneur d’une personne. Dire cela de quelqu’un qui travaille avec d’autres et qui appartient à un corps de l’administration publique, c’est grave .Pour en arriver là, il faut vraiment avoir des éléments de preuves. Et si vous faites l’allégation ou l’imputation dans un journal, c’est à vous franchement de prouver que ce fait là est vrai… » Selon lui, l’article 135 n’a pas été observé par les personnes poursuivies.
Quant au paiement d’un franc symbolique, il précise « Nous, nous avons demandé le franc symbolique, cette procédure pour nous, n’est pas une source d’enrichissement. De toutes les façons quel que soit l’argent qu’ils vont payer, ça ne réparera jamais le fait qu’ils veulent diffamer les victimes, les traiter de magouilleurs. Nous avons aussi demandé la publication de la décision qui va intervenir dans certains journaux y compris le « Tremplin » pour que l’opinion sache que le procès a eu lieu et que ceux qui ont traité nos clients de tous les noms d’oiseaux n’ont pas dit la vérité et qu’ils ont donc été en conséquence condamnés, c’est une autre forme de réparation ».
Selon Me Thierno Ousmane Tall, le représentant du ministère public a demandé de payer 5 millions « Mais le tribunal n’a pas encore apprécié. C’est pourquoi le représentant du ministère public en l’occurrence, le Procureur de la république a demandé à ce que le tribunal rentre en condamnation contre mes clients au paiement de cinq millions, chacun à titre d’amende, mais l’appréciation revient au tribunal. Et le tribunal après tout débat, il a mis l’affaire en délibéré pour le 30 mai 2018 »
De son côté, l’avocat de la défense, Me Ousmane Mansaré dira « Au jour d’aujourd’hui, le dossier est bel et bien mis en délibéré. Mais pour cela, il y a eu des irrégularités qui ont été constatées dans cette procédure, parce que la balance n’a pas été équilibrée. Nous avons toujours demandé la comparution personnelle du général Toumany Sangaré et le lieutenant colonel Fandessen Keita, mais ils ont tenu compte de certaines considérations pour dire que non, les deux officiers de la douane ne doivent pas comparaitre en invoquant l’article 135 de la loi 002 qui ne parle que des témoins. Moi, j’estime que c’est une violation parce qu’il ne faudrait pas tenir certaines considérations pour sacrifier certains droits de la défense. Si la Guinée est un Etat de droit les uns et les autres doivent être traités avec égalité devant cette loi, la loi ne privilégie personne, la loi est là pour tout le monde »
Et à son tour Me Thierno Ousmane Tall répond « Nous nous sommes assez sereins, parce que nous savons que nous avons apporté la preuve qui constitue en l’occurrence le journal lui-même et que de l’autre côté, la vérité du fait diffamatoire, n’a pas été établie ».
Mohamed Y
Commentaires récents