Hospitalisé depuis plusieurs jours après avoir été contrôlé positif au coronavirus, Manu Dibango, 86 ans, saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz est décédé. RFI est en édition spéciale ce 24 mars entre 13h10 et 14h00 (heures locales).
La vie de Manu Dibango a été entièrement consacrée à la musique. Il s’est fait connaître avec un tube planétaire, quelques accords au saxophone et un refrain entêtant : en 1972, Soul Makossa entre dans la légende. Étonnant destin pour cette face B d’un 45 tours, dont le titre phare était un hymne pour l’équipe de football du Cameroun à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations. Repéré par des DJ new-yorkais, le titre fera la conquête des États-Unis et connaîtra mille vies. Manu Dibango accusera même Michael Jackson de plagiat sur un morceau de l’album « Thriller » avant qu’un accord financier soit trouvé.
Manu Dibango était né au Cameroun en 1933. C’est dans la chorale du temple où sa mère est professeur qu’il s’initie au chant, tandis que le gramophone parental lui fait découvrir les musiques françaises, américaines et cubaines, importées par les marins débarquant dans le port de Douala. Il a 15 ans quand son père l’envoie étudier en France : trois semaines de bateau pour arriver jusqu’au port de Marseille avec, comme il le raconte dans sa biographie, 3 kg de café dans son sac, une denrée rare dans la France de l’après-guerre, de quoi payer un mois de pension.
Inventeur avant l’heure de la « world music »
Le jazz entre alors dans la vie de Manu Dibango, il n’en sortira plus. Le saxophone devient son instrument fétiche. Il rencontre le musicien Francis Bebey, Camerounais comme lui, forme un groupe, il se produit dans des clubs et rate son bac. Son père lui coupe les vivres. Direction la Belgique où son jazz s’africanise au contact de la communauté congolaise en pleine effervescence. Le Congo belge devient indépendant en 1960. Manu Dibango part pour Léopoldville, il dirige un club et lance le twist.
Au début des années 1960, son pays, le Cameroun, est en guerre civile. Il rentre en France, il découvre le rhythm and blues. Des stars françaises de l’époque comme Dick Rivers ou Nino Ferrer l’engagent comme musicien.
Dans les années 1990, Manu Dibango enregistre un album de reprises des plus grands tubes africains, Wakafrika, un voyage de Dakar à Cape Town. Youssou N’Dour, Salif Keita, Angélique Kidjo, Peter Gabriel y participent. Suivront beaucoup d’autres albums pour cet inventeur avant l’heure de la « world music ».
Avec RFI
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