En affirmant que les hostilités et les doutes émis contre son remède, qu’il présente comme étant curatif, sont dus au fait qu’il ait été élaboré en Afrique, Andry Rajoelina a réussi un coup double : être porté aux nues par les internautes du continent africain, et éluder la question des preuves cliniques de l’efficacité de sa décoction. Aux questions posées, des réponses empreintes d’une forte fibre nationaliste et africaniste qui ont fait mouche, aux dépens d’arguments scientifiques.
De notre correspondante à Antananarivo
« Le nouveau Sankara », « courageux et déterminé », « gardant la tête haute », « pourfendeur de l’Occident » : les adjectifs et métaphores dithyrambiques pour qualifier le président malgache ont inondé, hier, les réseaux sociaux, après son interview donnée sur notre radio.
« Lui, au moins, il a eu le courage de dire que comme il n’y a pas d’autres solutions meilleures provenant d’autres pays, il y a le médicament trouvé à Madagascar, donc on va s’en tenir à cette solution-là. »
Pour cet acteur de la société civile malgache comme pour de très nombreux internautes du pays, le président Rajoelina sort grand vainqueur de son intervention. Il a su notamment, disent-ils, défier publiquement l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et pu prouver aux yeux du monde sa volonté de faire fi des mises en garde de cette organisation internationale.
Pour le politologue Toavina Ralambomahay, également élu municipal de l’opposition à la mairie d’Antananarivo, le chef de l’État a joué à l’envi sur une corde sensible : « Il utilise une frustration partagée par la population africaine, dont malgache. Le fait d’avoir été méprisés, sous-estimés pendant pratiquement toute l’histoire de l’humanité, d’avoir été colonisés, c’est comme une revanche. Toutefois, utiliser la fierté nationale et continentale pour donner de la crédibilité au remède tambavy-organics, c’est un argument, mais il vaut mieux hisser le débat sur le terrain scientifique ».
Avec RFI
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