Le président de la fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, a été suspendu temporairement par la Fifa. Selon une enquête du journal britannique The Guardian, Yves-Jean Bart aurait violé plusieurs joueuses mineures.
Depuis plusieurs semaines, le sport haïtien est secoué par une affaire dénonçant des abus sexuels sur des jeunes athlètes dans le foot. Aujourd’hui, le président de la fédération haïtienne de football (FHF), accusé de viols sur des joueuses mineures, a été suspendu à titre provisoire par la Fédération internationale de football (Fifa).
Interdit d’exercer toute activité liée au football pour une période de 90 jours
« La chambre d’investigation de la commission d’éthique indépendante a provisoirement interdit à M. Yves Jean-Bart, président de la FHF, d’exercer toute activité liée au football au niveau national et international, pour une période de 90 jours », indique l’organisation internationale dans un communiqué publié sur son site internet. M. Bart fait l’objet d’une enquête de la part de la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire haïtienne.
Fin avril, dans le journal britannique The Guardian, des jeunes filles citées dans l’article, sous couvert d’anonymat, indiquaient que deux joueuses mineures auraient avorté suite à des viols commis par le président de la fédération dans le centre national d’entraînement, ancien ranch du dictateur Jean-Claude Duvalier, converti en académie sportive après le séisme de 2010. Yves Jean-Bart, 73 ans, dirige la Fédération haïtienne de football depuis deux décennies. Sans candidat lui faisant face, sa réélection en février à un sixième mandat avait été une formalité.
« Nous pensons que c’est une bonne décision prise par la Fifa car nous nous sommes rendus compte que Yves Jean-Bart et son cartel peuvent faire de l’ombre à n’importe quelle enquête judiciaire » a réagi Marie-Rosy Auguste Ducena du Réseau national des droits humains. Déplorant l’omerta qui plane sur le secteur sportif, l’activiste haïtienne rappelle que « cela fait longtemps que des rumeurs de marchandage sexuel contre avantages au niveau du football circulent dans le pays ».
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« Le président nous traite comme ses enfants »
Pourtant, récemment, dans le fief de la FHF, la dizaine de personnes interrogées par l’Agence France Presse (AFP) déclarait toutes avoir été choquées par les révélations publiées fin avril, sous couvert d’anonymat, dans le quotidien britannique. « Le président nous traite comme ses enfants : je ne pense pas que ça ait eu lieu vraiment. Je n’y crois pas », assurait Dusane Nicolas, 12 ans, au bord d’un terrain du centre où elle vit depuis décembre. « Le président Jean-Bart est comme un papa pour nous (..) il aime et respecte tout le monde », témoignait Yvette Félix, 38 ans, qui entraîne les sélections féminines depuis 2006.
Dès la parution de l’article mettant en cause Yves Jean-Bart, l’office de protection du citoyen (OPC) de Haïti avait exigé l’ouverture d’une enquête. Dans un communiqué, l’OPC demandait « aux instances concernées », notamment le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de la Justice, de diligenter « une enquête autour de ces allégations afin de faire la lumière sur cette question, qui peut éventuellement avoir de graves conséquences sur le football haïtien. »
Au même moment, dans un communiqué de la fédération haïtienne de football, on pouvait lire : « Monsieur Yves Jean-Bart réfute ces accusations d’abus sexuels et les place dans le contexte enclenché depuis 20 ans pour l’évincer de la présidence de la FHF ». Yves Jean-Bart avait prévenu la Fifa de ces accusations.
Avec RFI
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