Les directeurs généraux des groupes Ecobank et Equity Group ont indiqué ne pas être favorables aux remises de dette faites aux pays africains. Une position partagée par plusieurs agences de notation, mais surtout lorsque cela concerne la dette privée internationale.
Les directeurs généraux des groupes bancaires Ecobank Transnational Incorporated (ETI) basé à Lomé, au Togo, et Equity Group basé au Kenya se sont exprimés contre l’hypothèse d’une remise de dette au profit des pays africains.
« L’annulation de dette n’est pas utile parce que l’argent que vous devez est l’épargne de quelqu’un d’autre. Lorsque vous allez sur le marché pour emprunter de l’argent, le marché examine votre comportement actuel et passé », a déclaré Ade Ayeyemi (photo), directeur général d’ETI intervenant lundi 22 juin 2020, lors de la conférence virtuelle Bloomberg Invest Global.
« Dans une large mesure, l’annulation de dette est une forme de défaut, et essentiellement, il fausse les marchés. Nous devons tous être conscients de ses conséquences imprévues », a fait savoir dans le même contexte James Mwangi, PDG d’Equity Group Holdings, la plus grande banque du Kenya en termes de valeur boursière.
Ces deux commentaires surviennent alors que la Chine, premier créancier bilatéral de l’Afrique, vient d’annoncer qu’elle annulera la dette concessionnelle des pays africains qui échoit au terme de cette année 2020, en guise de contribution à l’initiative du G20 portant sur la suspension du service de la dette au profit des pays les plus pauvres. Cette position est partagée par les plus grandes agences de notation, mais elle concerne davantage la dette privée internationale des pays africains.
Rappelons que le Kenya et plusieurs pays africains où le groupe Ecobank est présent ont commencé à bénéficier de l’initiative du G20 via le Club de Paris (club des créanciers bilatéraux). Il n’est pas exclu que plusieurs autres Etats de la région soient des bénéficiaires de la proposition chinoise.
Les banques ont raison de se préoccuper de la gestion de la dette des pays où elles sont présentes. Dans la pratique, ces institutions financières sont souvent appelées à mobiliser des ressources sur le marché international de la dette pour couvrir divers besoins d’exploitation ou d’investissement. Dans ce cadre, elles ont besoin d’avoir une note sur leurs profils d’émetteur qui très souvent dépend aussi de la notation du pays dans lequel se déploient leurs principales activités.
Avec A. Ecofin
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