S’il ne fait l’ombre d’aucun doute que le magistrat Alphonse Charles n’a pas été entendu, encore moins suspendu par le Conseil supérieur de la magistrature, ce démenti déjà publié par Guineenews risque d’être le seul point de convergence entre le président du tribunal de Dubréka et l’administration judiciaire.
En effet, soupçonné d’être à l’origine d’un scandale (audio radiodiffusé) mettant à nu le système judiciaire guinéen dont l’affairisme et le clientélisme ne semblent toujours pas avoir montré toute leurs étendues, l’intrépide juge doit désormais faire face aux haut-perchés de l’administration judiciaire. En tout cas, tout porte à le croire.
Pour rappel, la semaine écoulée aura été marquée par une fausse «nouvelle». En l’occurrence la prétendue suspension du magistrat, Alfonse Charles Wright et du procureur Sidy Souleymane Ndiaye, qui s’est rependue comme une trainée de poudre dans la citée dans la journée du jeudi. Faisant ainsi suite à une autre nouvelle, non moins fausse, relative à une audition dont ledit juge et le procureur auraient fait l’objet la veille. Des informations démenties par le juge, ainsi que le secrétaire général du ministère de la justice et l’inspecteur génaral de de l’administration judiciaire et pénitentiaire.
Au téléphone de Guineenews, le magistrat déclare que «je suis à Dubréka. Je ne suis jamais allé». Avant de déplorer qu’on dise «qu’il est passé». La mise au point faite, M. Wrigt pointe un doigt accusateur sur les autorités judiciaires, notamment le Secrétaire Général, Elhadj Ibrahima Cherif Haïdara, dont les propos sont rapportés par les médias, selon lui.
«Là où j’ai compris que c’est le secrétaire général qui est derrière ça, je vois écrit sur les sites (…) que ce n’est qu’une question d’heures voire de minutes, deux magistrats vont être suspendus», dénonce-t-il. Puis de s’étonner « … qu’on ne vous a même pas dit d’abord ce qu’on vous reproche, on annonce déjà votre suspension. Avant de vous avoir écouté». Et d’ajouter, toujours citant le ministre par intérim, que « la procédure de suspension est en cours. Le conseil de la Magistrature n’a pas examiné encore. Mais c’est en cours. La suspension n’est pas confirmée d’abord. Mais la machine est engagée».
Joint au téléphone, le secrétaire général du ministère de la justice répond que «chacun est libre de ses propos, moi je n’engage pas de polémique avec lui. J’ai une responsabilité à assumer et je m’en tiens à ça. En plus, c’est un ami, je n’ai rien contre qui ce soit. Je fais mon travail».
A propos de la suspension annoncée du juge, «vous allez vite en besogne », rétorque-t-il. Avant d’ajouter que « à la magistrature, la procédure est une longue machine. Ça peut prendre du temps et je ne sais pas ce qui va en résulter…». Une façon pour lui de nier les propos à lui attribués dans la presse. Des propos qui mettent le juge Charles dans tous ses états. «Après avoir fini de faire toute cette bataille médiatique pour dire que la machine est en marche pour ma suspension… »
De son côté, l’inspecteur général corrobore certes l’information selon laquelle le président du tribunal de Dubréka n’a pas été auditionné, mais Elhadj Mamadou Dian Souré, comme le secrétaire général, soutient par contre qu’il y a une procédure engagée dans ce sens. Non sans déclarer tout son respect pour les magistrats de sièges dont Charles Wright, qui sont «l’incarnation même de l’indépendance de la magistrature» selon ses propres propos.
L’autre point de divergence entre le juge Charles et l’inspecteur Souaré, consiste à la procédure. «J’ai dit à M. Souaré, si vous devez m’inviter à l’inspection, c’est simple. Passez par ma hiérarchie, mais vous lui indiquez qui a saisi le ministère et ce qu’on me reproche». Sauf que pour l’inspecteur, le fait pour le juge de ne pas être informé à l’avance de quoi, on lui reproche ne constitue pas un manquement. D’ailleurs, «tous les magistrats sont soumis et astreints au contrôle de l’inspection générale des services judiciaires», rappelle-t-il.
Rendez-vous donc lundi, pour savoir si le juge va répondre à la «convocation» dont il dénonce la forme ou si c’est l’administration judiciaire qui va revoir sa copie.
Avec guineenews
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