Entre Mamadou Sylla et Dr Ousmane Kaba, ça n’a jamais été le parfait amour. Au lendemain de la sortie médiatique de l’économiste et ancien président du comité d’audits des secteurs stratégiques de l’économie guinéenne dans le dossier Air Guinée, l’homme d’affaires devenu opposant n’y va pas non plus de main morte. Dans un long entretien qu’il a accordé à la rédaction de mosaiqueguinee.com, le patron de l’entreprise FUTURELEC apporte sa part de vérité sur les audits qui ont été menés contre sa société et les différents marchés conclus avec l’Etat. Pour lui, « jusqu’à preuve du contraire, il ne doit rien à l’Etat ». L’opérateur économique ne s’arrête pas là. Il fait aussi des révélations sur dit-il, comment l’ancien ministre de l’économie a acquis sa fortune pour construire son université, ses relations parfois tendues avec le président déchu Alpha Condé. Pour Mamadou Sylla, tout ce cocktail au gout amer n’est teinté dit-il que de « haine » du leader du parti PADES contre ses collègues politiciens.
Lisez plutôt l’interview…
Affaire FUTURELEC
Je peux dire qu’Ousmane est un homme haineux. Il a une haine contre certains de ses collègues politiciens. Le rapport dont il fait allusion, il sait qu’il n’a jamais fait un rapport puisque ledit rapport n’est pas contradictoire. Il n’a pas un cabinet d’audit, c’est sa proximité avec le pouvoir du CNRD qui l’a mis là. Ce qui est grave, la commission d’audit a été créée par décret d’un régime qui n’avait pas le pouvoir. Un certain Mouctar Baldé qui était président de cette commission, c’est lui qui a fait le vrai audit parce qu’il nous a demandé les papiers y afférents à la transaction qui s’est passée entre nous et l’Etat. Il nous a demandé toutes les données qu’on lui a transmises. Après les rapprochements des documents et toutes les études, on a tiré un solde de 19 millions de dollars en faveur de FUTURELEC. Ça c’était ajouté à l’audit indépendant effectué par un cabinet de renom sur la demande de la banque mondiale et tous les autres partenaires techniques et financiers de la Guinée. L’Etat était mon client et moi fournisseur. Ceux qui disent que le recrutement de ce cabinet était un marché de gré à gré sont justes de mauvaise foi. Un appel d’offres a été lancé et beaucoup de gens ont soumissionné. Compte-tenu de la sérénité et du sérieux. (…). Lors de l’audit de ce cabinet, on a donné tous les documents de signature des contrats qui liait mon entreprise avec l’Etat. Après leur travail, ils ont sorti le rapport d’audit qui a établi ce que nous devons, ce que nous avons fait et ce que l’Etat nous doit. Ils ont alors dit de faire des croisements de dette ; c’est ce que l’auditeur a fait. La banque mondiale a dit s’il y a eu ça avec les fonds, c’est FUTURELEC qu’il paie. Si l’Etat doit aussi à la société, qu’il paie puisque c’est une société qui emploi et paie ses taxes. On a donc fait une convention qu’on peut appeler tripartite avec le ministère des finances et la banque centrale. L’Etat a autorisé la banque centrale de me payer les 19 millions de dollars et quelques. Ils ont dit qu’ils n’avaient pas de la possibilité de payer le tout, de les laisser payer par échelonnement. Ils ont émis des titres d’Etat avec les bons de trésor. C’est comme un chèque. Je devrais être payé fin décembre et le 22 décembre, le président est décédé. J’ai jusqu’à présent ces titres d’Etat. Les militaires étaient venus et avec tout ce que vous savez, l’échéance est arrivée à terme. Quand Dadis a voulu auditer FUTURELEC, il nous a envoyé à la Brigade de Répression des Délits Economiques et Financiers. Quand on a été là-bas, ils ont vérifié. Nous leur avons donné tous les documents qu’ils nous ont demandés. Vers 18h et 19, on est allé voir le procureur général. Quand on a fini, ils sont allés rendre compte au camp à Dadis. C’est après qu’il a été décidé de mettre en place la fameuse commission avec Mouctar à la tête. Ils ont aussi décidé de transférer tous les documents économiques à cette commission. Après, on a limogé Ahmed mais avant, le rapport confirmant ma dette de 19 millions était sorti. C’était un rapport qu’on ne peut pas contester. Il y a un terme à l’intérieur qui dit que ce chiffre s’impose à toutes les deux parties. Ça veut dire qu’on ne peut pas casser ».
Dossier Air Guinée
Ousmane Kaba voulait se faire voir et tout. Il parle d’Air Guinée que je dois 3 millions. Je me demande comment je peux rester devoir 3 millions de dollars quand on sait que la convention d’Air était à 5 millions de dollars. L’avion était en Israël pour réparation, c’est pourquoi le président a décidé de le vendre et à ce prix. Même le bailleur de fonds avait dit que ça ne faisait plus rentrer l’argent. La facture de là-bas déjà c’était 2 millions 500 mille dollars. Après il y avait le règlement de l’ensemble des travailleurs d’Air Guinée qu’il fallait faire aussi. J’ai payé ça pour la privatisation. Il fallait régler les travailleurs.
Surfacturation ?
Comment je peux surfacturer alors que c’est moi qui achète. Il n’y a pas de cohérence. S’il y a surfacturation, c’est alors l’Etat qui l’a fait. Il ne connait pas l’avion ni rien. Il peut aller même aujourd’hui le prix de ces Boeings, c’est un avion qui est sorti en 1980 que la Guinée a payé. Quand je le rachetai en 2005 ou 2006 comme ça, l’avion avait travaillé plus de 30 ans. La valeur de cet avion était à l’époque à 2 millions 500 milles. J’ai acheté un autre Boeing à 2 millions de dollars. Il n’est pas expert d’avion mais s’il se permet de dire que l’avion coûte plus que 5 millions de dollars ? C’est incompréhensible. On a réglé les travailleurs à 1 million de dollars. Pour les survols, l’Etat devait de l’argent. Pour éviter que l’avion ne soit suspendu, on a réglé ça aussi. Quand l’auditeur est venu, il a pris les reliquats et tout pour les ajouter sur l’ensemble des transactions. Le problème de l’avion se trouve dans l’audit qu’a fait le cabinet indépendant américain.
Cas de l’Université Kofi Annan ?
Ousmane devrait se tranquilliser. Il faut qu’il soit tranquille parce qu’il a la haine contre ses collègues que ce soit moi ou Cellou. Il pense qu’en nous humiliant, ça sera bon pour lui politiquement. Ousmane n’a qu’à faire attention, il était un simple fonctionnaire, tout le monde l’a vu ici. S’il y a quelqu’un parmi nous deux qui soit malhonnête dans l’acquisition de sa fortune, c’est lui pas moi. Parce que déjà, lui était là en tant que simple fonctionnaire comme tous les autres ; on sait comment il a eu l’argent pour construire l’université Kofi Annan. Il y avait des dons hors-projet, c’est là-bas il prenait l’argent pour construire son université. Je n’aime pas décrédibiliser les gens c’est pourquoi je me tais, mais s’il parle, il m’entendra aussi. Il a été ministre des finances et ministre du plan. Il va donner moral à qui en Guinée. Devant moi, le président Alpha Condé lui a dit qu’il allait l’auditer pour la construction de son université avant de le nommer. Il lui a dit je vais t’auditer parce que j’ai des preuves sur l’argent que tu as détourné pour construire ton école. Est-ce qu’il n’était pas là quand le ministre Yero Baldé a parlé de l’illégalité de Koffi Annan. Il ne dit jamais son affaire mais il est prompt sur les affaires des gens. C’est à cause de lui et de sa malhonnêteté qu’Alpha a pris la décision de ne plus envoyer les étudiants dans les universités privées. Je vais m’arrêter là, je reviendrai plus tard sur les transactions qui se sont passées entre nous-mêmes.
« C’est à cause de Ousmane Kaba que le président Alpha avait dit à l’époque que les cadres malinkés sont malhonnêtes »
Alpha lui avait demandé s’il peut lire son fameux rapport (où il incriminait beaucoup de leaders) devant la télé, il a dit qu’il ne pouvait pas. C’est ainsi que le président lui a jeté ledit rapport sur la figure, en lui disant qu’il était hypocrite. C’est après cet acte que le président Alpha avait dit à l’époque que les cadres malinkés sont malhonnêtes. Il ne faut pas qu’il provoque les gens.
« Je ne dois rien à l’Etat jusqu’à preuve du contraire »
Tous les audits qu’il a faits, il les a faits en ayant la haine contre les gens. Il cherchait à éliminer Cellou et moi-même. Il sait que je le connais parce qu’on a fait des affaires. Je ne dois rien à l’Etat jusqu’à preuve du contraire. Il y a les documents d’audit qui existent. J’ai même les titres d’Etat, j’attends qu’on me sollicite.
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