Les malvoyants de la région de N’Zérékoré en ont marre. Très en colère, ils ont manifesté ce lundi, 23 octobre, à l’endroit des autorités.
En compagnie de leurs enfants, ces personnes victimes d’handicap réclament une prise en charge de la part des autorités, mais dénoncent aussi la discrimination dont elles font face en longueur de journée.
Cette colère tire son origine lorsque les autorités ont boudé une cérémonie qu’ils ont organisée à l’occasion de la Journée internationale des personnes vivant avec un handicap visuel.
Interrogé, Amédé Pierre Kolomou, porte-parole des manifestants, explique: « Nous sommes membres d’une association qui existe depuis plus de dix ans ici. Nous sommes impliqués dans l’artisanat, la musique, l’agriculture et l’élevage. Cependant, depuis notre installation à N’Zérékoré, nous avons invité des autorités à visiter notre association, mais peu ont répondu à notre invitation. Nous leur avons soumis plusieurs projets, mais aucun n’a été financé.
Paradoxalement, d’autres groupes de malvoyants venant de Conakry et d’autres régions bénéficient du soutien des autorités. Nous nous demandons si nous ne sommes pas considérés comme des citoyens guinéens. Nous avons adressé une correspondance au gouverneur, mais il vient de nous informer que cette correspondance a été bloquée au niveau du secrétariat. Pourtant, d’autres autorités reçoivent régulièrement des courriers. »
Ces personnes malvoyantes dénoncent le traitement qui est accordé par les autorités de N’Zérékoré. Pourtant, elles disent être impliquées dans toutes les activités socioprofessionnelles dans la région. Ils exigent que leurs projets soient financés, notamment pour l’acquisition d’équipements musicaux et d’un moyen de transport qui améliorerait leure conditions de vie et de travail. : « Nous sommes capables d’entreprendre, nous avons juste besoin d’un coup de pouce. Notre association vise à nous aider à nous libérer de la mendicité dans les rues de N’Zérékoré. Malheureusement, nous n’avons même pas de centre d’apprentissage, ce qui rend difficile notre mobilité. » a ajouté Pierre Kolomou
L’inspecteur régional de l’action sociale lui se dit surpris par cette manifestation des personnes malvoyantes.
» La semaine dernière, ils nous ont invités à participer à la célébration de la Journée internationale des personnes handicapées visuelles. J’ai assisté à la cérémonie en tant qu’inspecteur régional, aux côtés du préfet, du directeur communal de la jeunesse, et de la culture.
Ils avaient également invité le gouverneur, mais il n’a pas pu être présent, alors nous l’avons représenté. Après la cérémonie, nous nous sommes séparés. Je suis donc surpris de les voir manifester sous prétexte qu’ils ne reçoivent pas le soutien des autorités. C’est décevant. »
L’inspecteur a également souligné que l’Association Guinéenne pour l’Autonomisation des Aveugles (AGAA) est enregistrée auprès de l’inspection et que des efforts ont été faits pour soutenir leurs activités, avant de marteler : « Il est décevant que cette manifestation ait lieu simplement parce que le gouverneur ou le préfet n’étaient pas présents en personne à leur cérémonie. Il est important d’éviter toute confusion dans le pays. »
Pierre Cécé Béavogui
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