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LA GUINEE AURAIT-ELLE UN DESTIN CAPRICIEUX ?

Plus les années avancent, fort est le sentiment de se retrouver à la case de départ. Depuis 1958 jusqu’à nos jours les problèmes auxquels les guinéens sont confrontés sont toujours les mêmes. Les quelques progrès enregistrés au temps de la première république ont fait l’objet d’un mépris total qui les a vus péricliter. On néglige toujours le fondamental pour se fier au particulier. Toutes les actions mises en place par le premier régime ont fait l’objet de critiques destructrices. Les FAPA initiées pour assurer l’autosuffisance alimentaire ont été qualifiées de FAUPA. On peut ne pas partager une idéologie mais à la combattre systématiquement relève d’une certaine étroitesse d’esprit et d’une mauvaise foi.

La seule préoccupation essentielle du guinéen est le combat pour le pouvoir. Si l’énergie, l’intelligence et les stratégies qui ont été développées pour ce combat avaient été utilisées pour le développement de ce pays, on ne serait pas aujourd’hui à cette case de départ. Les gens peinent à comprendre que c’est seulement l’unité nationale qui fertilise le développement national. On aime souvent se comparer à la Côte d’Ivoire en voyant son niveau de développement, on ignore que dans ce pays il y a une nation, il y a le patriotisme. Malheureusement c’est ce qui manque à ce pays, le culte de la patrie, le guinéen aime plutôt la patrie des autres que sa propre patrie, pour s’en rendre compte il suffit simplement de faire une analyse objective.

On excelle chez nous dans le dénigrement de tout ce qui est de l’Etat, jamais le guinéen n’a apprécié à sa juste valeur ses dirigeants. Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours aucun président guinéen n’a été apprécié selon son mérite, on ne le reconnait qu’à titre posthume. Ces pays qui sont enviés ne sont pas meilleurs que nous, ils ont accepté le sacrifice suprême de la patrie qu’ils ont placé au-dessus de leurs intérêts égoïstes. Sékou Touré n’est pas bon, Lansana Conté n’est pas bon, Moussa Dadis n’est pas bon, Sékouba Konaté n’est pas bon, Alpha Condé n’est pas bon, Mamadi Doumbouya n’est pas bon, on se demande qui est bon pour ce pays.

Une nation est composée d’une mosaïques d’entités sociales, de communautés qui appartiennent au même territoire, qui ont une histoire commune et condamnées à un destin commun. Toutes les composantes de la nation doivent avoir l’esprit de solidarité, de fraternité pour parfaire le vivre ensemble. Il est vrai que tout ne pourra pas être parfait car la perfection relève de Dieu, mais nous avons la capacité de nous mettre au-dessus de nos différences pour construire quelque chose de plus harmonieux. La complexité du problème guinéen réside dans le fait que le communautarisme a pris le pas sur l’esprit nationaliste. La seule chose qui réunit ensemble les guinéens c’est le football, c’est seulement à travers lui qu’on ressent la vibration du sentiment patriotique.

Le temps passe, personne ne se soucie de l’avenir de ce pays qui est confronté à un chômage chronique, qui a le taux le plus élevé de l’immigration clandestine et qui croupit sous une misère indescriptible. Dans son ouvrage ‘’Cours familier de littérature’’ Edmond About écrit : « On ne vous demande pas de miracles mais on désire seulement que vous laissiez quelque chose après vous…. Nous sommes les héritiers de tous ceux qui sont morts, les associés de tous ceux qui vivent et la providence de tous ceux qui naitront ». Cette sagesse doit donner à réfléchir aux guinéens qui doivent comprendre que ce n’est pas seulement le combat politique qui développe un pays. Certes il est bon de faire de la politique mais avec sagesse et parcimonie, il ne faut pas en faire un métier ou une occupation fondamentale.

On s’est réveillé très tôt pour être aujourd’hui trop en retard par rapport à ceux qui se sont inspirés de notre modèle de départ. Le nombre d’anciens ministres en Guinée peut faire la population d’un quartier, comme la mer on est confronté à une volonté de renouvèlement perpétuel. On se demande est-ce la faute au système ou celle des hommes ? Quand un individu est appelé à assumer une très haute responsabilité, il doit le faire consciencieusement pour sa patrie et pour sa propre réputation. Malheureusement on croit avoir toujours fait le mauvais choix c’est ce qui justifie la valse des ministres et des gouvernements.

Aujourd’hui nous sommes avec un troisième Premier ministre chef de gouvernement et des nouveaux chefs de département, espérons que la présente équipe gouvernementale puisse nous apporter ce que la présente n’a pas pu offrir. Il faut toujours avoir à l’esprit les vertus du dialogue, si les autorités guinéennes avaient cette présence d’esprit, cela nous éviterait ces cas déplorables de morts de personnes. Il faut aussi avoir le courage de dire la vérité au peuple. Quand on dit la vérité certes ça fait mal mais la confiance s’installe après, mais quand on devient mythomane, le peuple perd très tôt confiance. Et c’est justement ce manque de confiance qui est à la base de toutes les violences.

Que le bon Dieu assiste et guide cette nouvelle équipe dans la voie du progrès social.

Par Famany Condé

 

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