Il y a un adage africain qui dit : « La perdrix s’est ravisée lorsqu’elle a vu le poulet être plumé ». Malheureusement cet enseignement ne semble pas profiter aux guinéens qui ne savent tirer de leçon de toute circonstance antérieure pareille. Il y a quelqu’un qui disait que les biens de l’Etat sont à lécher et non à croquer, ce qui est une évidence car en les croquant on risque fort de perdre ses dents. Sous la première république le phénomène de détournement de deniers publics n’était pas aussi présent à cause de la rigueur dans le contrôle mais également de l’opération vérification des biens. Mais avec le changement intervenu en 1984 et le choix du libéralisme démocratique en 1985 des nouvelles méthodes de gestions peu rigoureuses ont fait l’apparition.
Depuis le phénomène de détournement de deniers publics s’est avéré presqu’institutionnel. La course à l’enrichissement illicite et à l’égocentrisme et à la quête d’une certaine hégémonie sociale sont devenues pratique courante. Un fonctionnaire qui n’a même pas dix millions comme salaire se voit possesseur de luxueuses villas et de voitures de prestige. Ainsi on confond les caisses de l’Etat aux poches des individus, les biens communs deviennent privés. Le principe de s’enrichir avant d’être démis s’installe dans les esprits et chacun y recourt pour ne pas paraitre aux yeux des autres comme maudit.
Cette malheureusement c’est cet esprit qui perdure jusqu’aujourd’hui poussant les commis de l’Etat à s’arroger des fortunes et des matériels au vu et au su de tous sans qu’il ne soit inquiété. Les villas, les grosses voitures, les voyages à l’étranger, le train de vie exorbitant sont autant de facteurs qui mettent en exergue l’inconscience et le manque de patriotisme de ces commis de l’Etat. Le retard du pays est tributaire justement de cette hypocrisie malhonnête de nos cadres qui font semblant d’œuvrer pour le pays alors qu’ils s’enrichissent de façon illicite.
Les gouvernements successifs depuis le 3 avril 1984 jusqu’au dernier gouvernement de Goumou, la même pratique à la vie dure a subsisté. Peut-on imaginer le montant global investi par l’Etat pour la construction des infrastructures routières qui jusque-là sont dans un état des plus déplorables. La totalité des ressources engagées n’est jamais utilisée dans l’exécution des travaux, on trouve toujours moyen de subtiliser une bonne partie et réaliser des travaux médiocres au détriment du peuple.
Que dire alors du secteur de l’énergie ou des milliards ont été engloutis pour ne produire que des effets sporadiques tant la voracité des cadres de ce secteur est épouvantable. Que n’a-t-on pas vu ici en Guinée avec la SOTELGUI, une entreprise d’Etat dont les cadres se sont livrés à des spéculations pour l’acquisition des puces, vendues à plus d’un million de nos francs. Le manque de punition et de rigueur dans la gestion est la seule cause de cet enlisement qui caractérise l’administration guinéenne. Pourtant il y a des évènements qui doivent donner à réfléchir tels que le Procès des évènements du 28 septembre 2009 et la séquestration des anciens dignitaires du régime du Pr. Alpha Condé.
Personne n’aurait imaginé que le CNDD tant craint et tant exhibitionniste allait devenir aujourd’hui une entité minuscule d’individus ayant perdu tout leur prestige et toute leur personnalité. Si le cas des anciens dignitaires est prouvé, il va sans dire que les postes de responsabilités administratives en Guinée constituent un véritable tremplin pour la maison centrale. Car il n’y a aucun domaine administratif dans laquelle la gestion est vertueuse, les milliards engagés dans l’agriculture on est toujours incapable d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, les milliards de l’éducation, il existe jusqu’à présent des écoles de fortunes dans le pays. Pourtant on annonce la construction des milliers de salles de classes mais, le pays peine jusque-là à satisfaire les besoins de la population en matière d’inscription scolaire car, il y a déficit d’infrastructures scolaires.
A ce rythme il faut s’attendre à voir passer à la CRIEF et à la maison centrale les hauts commis de l’Etat qui sont toujours victimes du virus de la mauvaise gestion des deniers publics. Les vieilles habitudes ont la vie dure dit-on souvent que Dieu éclaire nos cadres afin qu’ils soient plus vertueux et plus orthodoxes dans leur gestion.
Par Famany Condé
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