Le mardi 13 mars 2012, sur la plateforme du camp Alpha Yaya Diallo, s’est produit un accident ferroviaire. C’est le train de transport urbain et périurbain Conakry Express qui a marché sur le pied gauche d’une policière en service au Commissariat spécial des chemins de fer de Guinée.
Alors logé dans la voiture 7 du train, le brigadier-chef Aminata Lélé Donzo a observé une bagarre entre un élève et un autre passager du train sur ladite plateforme. L’élève qui se rendait à l’école s’est vu propulsé, et ses effets éparpillés ça et là.
Venue pour les départager, l’agent a réussi sa médiation et s’est attelée à ranger les effets du jeune élève. C’est alors qu’on a sonné l’alerte pour que bouge le train. Dans la précipitation, la jeune policière accourt pour s’accrocher à la barre qui mène à l’intérieur de l’engin. Malheureusement, elle va rater sa tentative et tomber là avant que le train ne lui broie une partie du pied : deux orteils coupés du reste du pied.
Elle a été admise tout d’abord à l’hôpital du camp qui, au regard de la gravité de ses blessures, l’a aussitôt référée au CHU Donka où elle a été hospitalisée pendant un moment avant de sortir. Peu après, le brigadier-chef a été de nouveau hospitalisé pendant environ un mois.
Dès sa seconde sortie, elle entreprendra des démarches auprès de ses autorités, en vue de son évacuation. «Je suis allée au département pour voir le ministre de la Sécurité d’alors. Je lui ai dit que mon traitement nécessitait une évacuation. Il m’a promis qu’il allait faire quelque chose pour moi en ce sens, tout en conditionnant son assistance par l’envoi d’une carte d’invitation par un parent qui se trouverait là-bas», nous confie Aminata Lélé Donzo.
Soucieuse de sa santé et téméraire, la jeune policière réussit à se trouver une invitation à partir de l’extérieur. «Mais contre toute attente, dit-elle, le ministre m’a dit par la suite qu’il ne pouvait rien faire pour moi désormais. Je lui ai suggéré de m’évacuer au moins tout près ici, à Dakar. Il m’a dit qu’il n’a pas ces moyens lui seul, à moins qu’ils ne se partagent la charge avec mes parents».
Quoique sommée désormais de marcher à l’aide des béquilles, Aminata Lélé multipliera ses contacts. C’est alors qu’elle s’est rendue à la Fondation Djènè Kaba Condé pour la Promotion de la santé maternelle et infantile (Fdkc-Prosmi) de la Première dame. Là, la policière dit avoir rencontré un certain Kabassan qui ne lui favorisera malheureusement pas l’opportunité de rencontrer la Première dame. Ceci, par 4 fois de suite.
«Je lui ai tout de même présenté ma carte d’invitation à lui Kabassan. Et il m’a dit d’aller voir Diané, me rassurant qu’il allait appeler ce dernier. Je suis allé, lui aussi, à sa rencontre, mais rien ne s’est fait», déplore-t-elle.
Partie également une fois à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) pour une assistance éventuelle, il lui a été notifié que la Caisse ne pouvait rien faire pour elle, parce que je n’étant pas une assurée sociale répertoriée dans le registre de celle-ci.
L’apport du ministère
Etant devenue de plus en plus régulière à son ministère de tutelle, le département de la Sécurité et de la protection civile, et certainement à causes de ses récurrents dérangements orientés vers Mme le chef de Cabinet, Aminata Lélé Donzo dit qu’un jour, celle-ci l’a appelée pour lui présenter la somme de 10.000.000 de FG au titre de l’accompagnement du ministère pour son traitement.
«Je lui ai dit que ce n’est pas ce montant qui m’intéressait, plutôt ma santé. Elle m’a dit de prendre cela en attendant. Je lui ai dit non, parce que cet argent ne pouvait m’amener nulle part, de m’aider donc à recouvrer ma santé. Une fois guérie, je pourrai reprendre le travail et me faire une certaine économie moi-même», enseigne Donzo.
L’apport de Conakry Express
Depuis sa sortie d’hôpital jusqu’à une époque relativement récente, la direction générale de Conakry Express accordait au BC Donzo une assistance à hauteur de 150.000 FG par semaine comme frais de ses pansements. Mais depuis que le train a cessé de rouler en octobre 2016, elle dit ne plus rien recevoir de cette société. «Actuellement, je fais donc mes pansements à mes propres frais, déclare-t-elle.
Déception
Celle qui est immobilisée depuis 5 ans maintenant a cependant traversé de nombreuses situations qui militent de plus en plus en la faveur de sa condamnation à trainer par devers elle ce handicap contracté dans le cadre d’un service pour lequel elle dit éprouver un amour fou. Mais de toutes ces situations, celle qui a le plus déçu notre interlocutrice est celle venue récemment de sa hiérarchie même. Et Aminata Lélé Donzo le dit entre ces lignes.
«Récemment, je suis encore partie au ministère pour voir le directeur général de la Police, M. Bangaly Kourouma qui connait ma situation depuis au temps du général Toto. Je suis restée dans la salle d’attente jusqu’à 16H avant qu’il ne ressorte pour me demander si on m’a dit qu’il est médecin ou que son bureau est fait pour traiter les malades, de me référer donc à des hôpitaux et non à lui».
Face à ces mots, la policière confie n’avoir pas pu s’empêcher de verser des larmes. Autant comprendre qu’elle ne bénéficie d’aucune aide. C’est avec son maigre salaire perçu à la fin du mois donc qu’elle se démerde à s’occuper de ses deux enfants et à prendre soin d’elle-même. «J’ai donc besoin d’assistance, parce que là où je suis, je ne peux pas marcher», lance, désespérément, le brigadier-chef.
Crainte
Grande est aujourd’hui la crainte chez la policière, vu la grosseur qu’elle ne cesse de connaitre depuis qu’elle est immobilisée et gardée loin de tout exercice physique. Elle craint fortement de contracter une autre maladie liée au poids qu’elle est en train de prendre.
«Regardez ma photo quand j’étais en pleine activité et comparez-la à la masse que j’ai aujourd’hui. L’écart est grand. Puisque j’ai grossi tout d’un coup. Aujourd’hui, à me voir vous pouvez m’attribuer un âge qui est largement au-delà de mon âge réel. C’est partant de tout cela que je suis partie me faire consulter à l’hôpital récemment. Heureusement, le test a révélé que le taux de glycémie est bon».
Immobilisée depuis 5 ans maintenant, la pauvre dame demande aux autorités et aux âmes sensibles et aux personnes de bonne volonté de bien vouloir l’aider à recouvrer l’usage de son pied.
Par Mady Bangoura
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