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La décrépitude judiciaire n’est-elle pas la cause de la vindicte populaire en Guinée ? (Opinion)

La puissance publique joue-telle son rôle ? Depuis un certain temps, on assiste à la recrudescence de la vindicte populaire en Guinée. En maints endroits, les populations ne veulent plus se confier à la justice, elles préfèrent régler elles- mêmes, les cas de meurtres et d’assassinats. Kouroussa, Kissidougou, Kankan, Siguiri, Conakry pour ne citer que ces préfectures qui illustrent  cette situation regrettable. Le dernier cas en date est celui de Lambandji, où un jeune a été lynché et brûlé vif par une foule en colère. Il serait alors intéressant de faire une analyse poussée de la situation pour comprendre effectivement ce qui motive un tel acte d’incivisme ou même de barbarie.

Sous la première république en Guinée, un cas de décès ne restait jamais impuni. Quand on découvrait un corps dans un quartier, tout était mis en branle pour retrouver le coupable. Et de façon diligente, le criminel subissait la peine à la hauteur de sa forfaiture. A l’époque, l’Etat était fort et la justice implacable. On parlait du droit du peuple et la discipline régnait car, chacun avait peur des conséquences d’un meurtre, ou d’un assassinat.

De nos jours, la vie humaine est banalisée. On tue de façon délibérée et avec zèle et rien n’est fait pour punir le fautif. Quand vous prenez votre voleur, on parle de droit de l’homme quelques jours après, vous retrouvez ce malfrat dans la circulation, il vous nargue même et parfois vous menace.

Ceux qui tuent ne sont plus inquiétés pour leur crime, on se croirait dans une jungle où la loi du plus fort règne. Que fait l’Etat ? Que fait la justice pour éviter aux  populations une telle situation de barbarie ou de sauvagerie ? Cette impunité grandissante n’est-elle pas en train d’affaiblir l’Etat ? Où donc est parti le pouvoir coercitif de l’Etat ?

Ce qu’il faut reconnaitre et qui fâche aujourd’hui les populations, c’est l’impuissance de la justice à punir les assassins et les meurtriers. Sachant que la justice ne peut pas satisfaire leur besoin de justice, les populations pensent que se rendre justice serait la meilleure solution. Chacun voit la décrépitude de l’appareil judiciaire, son incapacité à prendre des mesures coercitives pour acter des mesures responsables.

Quand on détourne les deniers publics, quand on tue, aucune sanction n’est imposée et les gens pensent que la démocratie est faite pour défendre les droits de l’homme surtout les droits des malfaiteurs et des assassins. Ceux qui sont tués n’ont pas de droit et leurs meurtriers ne méritent pas d’être sanctionnés.

« Ce jeune Oularé sauvagement assassiné à Lambayi, l’a été à tort car, il n’a jamais volé quoi que ce soit, il est nerveux et fier mais dire qu’il est voleur cet argument est avancé simplement pour maquiller le crime. La raison de ce meurtre est ailleurs mais ce n’est pas cette tentative présumée de vol », nous a confié, un proche du défunt.

Nous pensons que la mort du jeune Oularé à l’âge de 28 ans dans des conditions pareilles est réellement affreuse. Si l’Etat ne prend pas ses responsabilités, si la justice ne joue pas pleinement son rôle, on risque de vivre dans une véritable jungle, où la loi est dictée par les plus forts.

Il faut dire qu’en Guinée, pour éviter d’avoir des problèmes, il ne faut jamais tomber malade, il ne faut jamais avoir un problème à la justice sinon, vous risquez de mourir par arrêt cardiaque.

Syta Camara pour ScoopGuinée

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