Les résultats des examens nationaux sont désormais connus, ils témoignent exactement de la déliquescence du système, de son incapacité à donner une formation de qualité aux jeunes guinéens. Les taux de réussite des différents examens sont illustratifs du niveau réel des élèves, ce qui met en exergue la faiblesse des enfants et le niveau bas des formateurs. Quand on analyse la situation, il apparaît clairement que deux paramètres sont à considérer à savoir : l’insouciance des élèves et le manque de conscience professionnelle des jeunes enseignants arrivés dans le système, par nécessité et non par amour de la profession.
L’école guinéenne était devenue un véritable marché, une vache laitière que l’on pouvait traire à satiété. La prolifération des écoles privées affiche plutôt un but lucratif et non pédagogique. Dieu seul sait ce qui se passe comme formation dans ces écoles. Le paradoxe est que ces écoles privées n’ont pas de personnel fixe, elles utilisent les enseignants du secteur public qui viennent y vendre leur prestation. Quand les jeunes étudiants en manque de travail viennent solliciter les cours, ils sont les bienvenus car, l’important est de trouver une personne capable de combler le déficit de personnel mais, on se soucie très peu de la qualité de la formation livrée par cet homme. Ces fondateurs véreux faisaient miroiter devant les parents d’élèves des faux taux de réussite dans les examens. Pour le baccalauréat, il suffisait de gonfler les moyennes de cours pour récolter un taux impressionnant de réussite. Pour les deux autres examens à savoir l’entrée en 7è année et le BEPC, là il faut graisser les pattes des services examens des DPE et des IRE et ça marche comme sur des roulettes.
Une formation basée sur un tel comportement peut-elle promouvoir un avenir radieux pour le pays ? Dans les écoles publiques le constat est tout autre. On y rencontre une multitude d’enseignants dont la formation laisse à désirer. Les différents projets de formation initiés par le gouvernement durant les années 90 et la décennie 2000, ont favorisé le recrutement d’un groupe d’enseignants hétéroclites de par leur niveau. Le drame dans nos établissements secondaires c’est de voir les professeurs chargés des cours de français. Dès que quelqu’un peut dire : le nom le verbe et le complément, on dit de lui qu’il peut enseigner le français. La majeure partie des jeunes professeurs qui enseignent le français ont fait soit droit, soit sociologie ou relations internationales. On oublie que pour être professeur de français il y a des préalables à remplir et à observer.
Le ministre Ibrahima Kalil Konaté doit être courageux et résolu pour amorcer avec rigueur la réforme qu’il envisage. Sans état d’âme,
-il doit absolument débarrasser le système des tares, des médiocres qui meublent superbement l’administration scolaire.
-A l’instar du code minier, faire un toilettage complet des écoles privées pour fermer toutes celles qui ne répondent pas aux normes. Cette mesure permettra certainement de lutter contre la concurrence déloyale dans ce secteur.
-Adopter des mesures draconiennes pour le respect des principes et le règlement intérieur dans les écoles.
-Interdire formellement les téléphones portables dans les écoles car, ces objets sont devenus de véritables canaux de perversion de la jeunesse scolaire.
-L’évaluation est le talon d’Achille du système éducatif guinéen, avec la suppression des moyennes de cours au baccalauréat, il est impératif de former les enseignants à cette épreuve pour les permettre de jauger réellement leurs élèves.
-Renforcer les capacités des enseignants par les ateliers et les séminaires de formation pédagogiques et académiques
-Transformer les cellules de formation dormantes des IRE/DPE en cellules actives opérationnelles.
-Mettre les moyens matériels et financiers à la disposition des cellules de formation continue des IRE/DPE du pays pour assurer leur fonctionnement effectif.
-Mettre fin à la sédentarisation des enseignants à leur poste car, l’expérience a prouvé qu’au-delà de cinq ans au même poste, l’enseignant se notabilise et devient inefficace.
-Assurer l’encadrement rapproché pour une mise à niveau constante des enseignants en situation de classe.
-Revoir avec minutie les dossiers de création et d’ouverture des écoles privées afin de mettre hors de circuit celles qui ne remplissent pas les conditions requises.
Les résultats du baccalauréat unique sont acceptés par la population guinéenne, qui ne manque pas de stigmatiser le comportement des élèves. Elle garde le secret espoir que cette réforme annoncée ne sera pas éphémère, elle demeurera continuellement tant que le blason du système éducatif ne sera pas redoré. La prochaine rentrée sera caractérisée par une prise de conscience effective des jeunes élèves qui ont compris la justesse et la véracité de cette réforme.
En tout cas pour qui connait le professionnalisme d’Ibrahima Kalil Konaté K2 il y a fort à parier, que les jours et semaines qui vont suivre seront témoins d’événements courageux, responsables, pour le mérite de l’école guinéenne. Ce sera la vraie renaissance du système éducatif qui va s’amorcer avec la détermination, le patriotisme et le professionnalisme de ce nouveau chef de département.
L’espoir est grand et l’attente des populations guinéennes est totale.
La Rédaction
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