A cause de la fermeture de la première usine d’alumine d’Afrique située à 165km à l’ouest de Conakry, la cité de Fria aujourd’hui sevrée de son bonheur d’autant, est plongée actuellement entre espoir et pessimisme de ses 10 0000 habitants.
Nos reporters y se sont rendu où ils ont fait un constat peu reluisant qui, cependant annonce la future rénovation de cette usine grâce à la coopération Guineo_Russe. Lisez!
Fria était appelée dans les temps »Petit Paris » à cause du mode de vie de sa population et par la régularité de la desserte en électricité et en eau. Très malheureusement, force est de constater que depuis l’arrêt de sa firme minière, suite à une grève de ses travailleurs, cette cité affiche un visage à la fois alarmant et inquiétant. Puisque, les différentes infrastructures relevant de la compagnie, se dégradent de plus en plus sous l’œil impuissant des autorités locales.
Avant tout, parlons des trois immeubles qui restent et demeurent les principaux repères du centre ville de Fria.
Notre équipe de reporters dont nombreux sont natifs de cette ville, a réalisé cet élément avec un cœur serré. Connaissant au paravent, la belle vie de leur localité qui les a vu naitre et grandir.
Baptisés par les français à l’époque, F6A, F6B, F8, ces trois immeubles connaissent de nos jours, un délabrement très poussé. Les murs assoiffés des couches de peinture quasiment couverts de caricatures. L’insalubrité crève l’oeil sous le regard insensible des occupants des lieux. A cela s’ajoute, l’état piteux des tuyaux d’évacuation des eaux souillées. Sur les lieux, on a parfois du mal à respirer à cause des odeurs nauséabondes qui s’y dégagent.
Les ascenseurs reliant les différents niveaux de ces immeubles sont depuis près d’une dizaine d’années, aux arrêts. Triste souvenir!
Pour ne pas se laisser envahir par les ordures, les pauvres citoyens tapent de porte en porte pour la collecte d’une somme de 10 000 gnf dans le but de minimiser l’insalubrité.
Le pire des cas, est de constater de visu, les ferrailles servant de soupape pour ces immeubles, se lâcher et exposer. Il est donc urgent de penser à la rénovation de ces immeubles qui, jusque-là sont habités par les cadres de l’usine malgré l’arrêt.
L’hôpital Péchiney, l’une des références de la sous-région à l’époque, présente de nos jours, une image déshonorante. La plupart des médecins ont boudé ce centre depuis les débuts de la crise. Cet hôpital fonctionne à présent sur un pied d’argile. L’on se demande si la prise en charge des familles des travailleurs est encore effective.C’est lieu de signaler que Fria est actuellement l’une des villes les plus sales du pays. Il suffit d’y débarquer pour en croire.
Une jeunesse en manque de lieux de loisir
Les différents centres de loisir dans la ville de Fria se trouvent dans un état critique. La piscine, le terrain de basket, le parc de jeux et le cinéma Kimbo sont obsolètes. Ces centres de divertissements sont devenus des lieux de rencontre des jeunes désœuvrés se livrant à la drogue et autres vies de débauche.
Le siège du commissariat de police toujours à l’abandon
Victime de pillage et de vandalisme en 2011, le siège du commissariat de police de Fria est toujours laissé pour compte. Depuis ces évènements tristes causés par l’assassinat d’un jeune collégien nommé Tafsir Sylla, ce poste est resté sans entretien. Et la justice n’est toujours pas rendue pour la satisfaction des parents de la victime.
L’espoir renaît à Fria
Depuis l’annonce relative à la relance de l’usine Rusal Friguia, les populations de Fria ont eu le sourire aux lèvres, avec un cœur plein d’espoir.
Préalablement, cette usine en arrêt depuis près de 5 ans, a connu des études de faisabilité pour sa reprise. Une phase qui a été suivie d’un audit détaillé de l’état de ses installations. Ce qui a permis d’entamer depuis plusieurs mois, un service minimum au sein de l’usine.
Ces efforts constatés de visu sur le terrain sont nés de longues négociations entre l’Etat guinéen et les responsables de Rusal. Ce qui a enfin abouti à un compromis signé entre les deux camps.
Sur le document de l’accord, il est indiqué que la reprise de l’usine de Friguia se fera de manière progressive, en deux phases :
La première a pour objectif d’atteindre une capacité entre 550.000 et 600.000 tonnes.
La deuxième, consacrée aux travaux d’extension de l’usine dont la production commencera en 2024, pour porter la capacité totale de l’usine à 1050 millions de tonnes en 2026. Les études de faisabilité de l’extension seront engagées en 2019.
En ce qui concerne l’urgence, la mise en route de Friguia est prévue au plus tard le 1er avril 2018. Une date plus ou moins longue pour les 100. 000 habitants qui occupent la ville de Fria.
Par ailleurs, en attendant, la reprise totale de ladite usine, la pauvreté se fait sentir encore dans cette cité minière. Ce qui amène à constater la prostitution et divorces à grande échelle dans la ville. L’éducation des enfants n’est pas en reste, le panier de la ménagère laisse toujours à désirer. La famine s’accentue, la délinquance juvénile s’amplifie et la belle vie cède place à la mendicité. Ensuite, les revenus des activités commerciales fragilisés. Une question taraude les esprits. A quand Fria retrouvera t-elle son mode de vie d’antan qui n’avait rien à envier à celle des petits blancs? Ce qui lui confère le qualificatif de »Petit Paris ».
Notre équipe de reporters a repris chemin en laissant cette population entre espoir et pessimisme.
Un reportage réalisé par F.Sita Camara et Mariama Ciré pour ScoopGuinée
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