En campagne électorale, Donald Trump affirmait à qui voulait bien l’entendre que le Mexique paierait intégralement son projet de mur à la frontière entre les deux pays. Mais alors que ce projet pharaonique est à l’origine d’un vif conflit avec les démocrates, provoquant la paralysie partielle de l’administration fédérale, le président américain a assuré ce jeudi qu’il n’avait « jamais dit que le Mexique lui ferait un chèque » pour son mur. Donald Trump s’est rendu ce jeudi à McAllen, ville texane frontalière avec le Mexique, pour défendre son projet phare.
« Rien de tel qu’un mur »
« C’est du bon sens. Ils ont besoin d’une barrière, ils ont besoin d’un mur. Sans cela, il n’y aura que des problèmes. Et la mort, beaucoup de morts », a lancé M. Trump, casquette blanche « Make America Great Again » vissée sur le crâne. « La roue fonctionne, le mur fonctionne. Rien de tel qu’un mur », a-t-il ajouté lors d’une table ronde, évoquant les migrants illégaux qui profitent selon lui des zones « où il est impossible de déterminer si vous êtes au Mexique ou aux Etats-Unis ».
« Urgence nationale »
Trump réclame quelque 5,7 milliards de dollars pour construire son ouvrage. Une somme astronomique que le Congrès, désormais majoritairement démocrate, refuse de débloquer. Un conflit à l’origine du « shutdown » qui paralyse l’administration américaine depuis bientôt trois semaines. Face à l’impasse, Donald Trump répète à l’envi qu’il pourrait invoquer une procédure d' »urgence nationale. »
« Je ne voulais pas dire ‘s’il vous plaît, signez-moi un chèque' »
En conférence de presse, Trump a assuré que le Mexique allait bien payer pour le mur, comme il le répète depuis qu’il est entré en campagne électorale en juin 2015. Sauf que son discours a nettement évolué depuis. « Quand je dis que le Mexique va payer pour le mur, c’est cela que je veux dire: le Mexique va payer pour le mur. Je n’ai jamais dit qu’ils allaient me faire un chèque de 20 ou 10 milliards de dollars. » « Je ne voulais pas dire ‘s’il vous plaît, signez-moi un chèque », a-t-il précisé.
Le gouvernement mexicain ne déliera donc pas les cordons de sa bourse mais, selon Trump, financera indirectement le mur via le nouvel accord de libre-échange nord-américain (ALENA) entre les États-Unis, le Canada et le Mexique. Un accord qui doit encore être ratifié. « Si le Congrès approuve cet incroyable accord de libre-échange que nous avons conclu à ce sujet avec le Mexique, et le Canada d’ailleurs, ils paieront pour le mur », a assuré le président Trump. Comment « forcer le Mexique à payer pour le mur » Pourtant, Donald Trump a toujours prétendu que le mur ne serait pas financé par le contribuable américain mais bien par le Mexique, rapportent plusieurs médias américains dont le Washington Post et Politico.
D’après le site spécialisé, une note rédigée par l’équipe de campagne de Trump et publiée sur son site internet expliquait comment « forcer le Mexique à payer pour le mur » frontalier. « C’est une décision très simple pour le Mexique: faire un paiement en une fois de 5-10 milliards pour s’assurer que 24 milliards de dollars continueront d’affluer chez eux chaque année », expliquait cette note en faisant référence aux sommes perçues par les Mexicains vivant aux États-Unis. Une note qui a aujourd’hui disparu du site du milliardaire, constate Politico. L’art de la négociation Trump affirmait aussi qu’il utiliserait ses talents d’homme d’affaires pour forcer les Mexicains à passer à la caisse, rappelle le Post.
« Vous savez, beaucoup de politiques ont dit ‘ils ne vont pas payer’, mais ils ne savent pas comment ça marche, ils n’ont pas lu ‘L’art de la négociation’ (« The Art of the Deal, un ouvrage écrit par Trump en 1987) », disait-il septembre 2015. « Je suis un homme d’affaires, c’est ce que je fais », soulignait encore le New Yorkais en janvier 2016, relate le Washington Post. « Ils vont payer. Ils vont payer. D’une manière ou d’une autre. Ils pourraient même nous signer un chèque quand ils verront ce qui se passe », avait-il aussi assuré en direct sur Fox News en avril 2016.
Le négociateur en chef mexicain pour l’ALENA a formellement démenti l’existence d’un texte relatif au financement du mur dans l’accord de libre-échange. « C’est un chapitre que vous ne trouverez PAS dans le nouvel accord, tout simplement parce qu’il n’existe PAS! », a écrit Kenneth Smith Ramos sur Twitter. Mercedes Schlapp, responsable des communications stratégiques à la Maison Blanche, a reconnu sur CNN que le mur serait finalement payé par le contribuable américain. Si un tel mur voit effectivement le jour
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